jeudi 17 novembre 2011

Des Frelons sur le Ministre

09h15 le neuf-quinze
DES FRELONS SUR LE MINISTRE
Par Daniel Schneidermann le 16/11/2011
"Il faudra attendre que des gamins soient piqués à Paris, 
pour que le gouvernement bouge..." 
soupirait ce matin un responsable syndical des apiculteurs,
 au journal de 8 heures de France Inter. 
De fait, le "frelon asiatique", ce "serial killer des ruches" 
est entré en France en 2004 
(une vidéo cauchemar est ici) mais sans avoir encore franchi 
l'épaisse muraille qui sépare
 la presse régionale de la presse "nationale". 
Les choses changent: longtemps cantonné 
dans de nombreux départements ayant la mauvaise idée 
d'être situés au Sud de la Loire, 
le frelon est désormais signalé en Bretagne 
et en Normandie. 
Autant dire qu'il est aux portes de Paris, 
ses ministères, et sa maison de la radio. 
France Inter, en lui faisant les honneurs 
de son journal de 8 heures, donnait donc paradoxalement 
raison à l'apiculteur interviewé. 
Hors de Paris, point de salut médiatique.

Un qui n'en avait pas pris la mesure, 
c'est le ministre de l'agriculture Bruno Le Maire
manifestement cueilli à froid par les premières questions 
de Patrick Cohen sur le frelon. 
C'est vrai, enfin ! On vient tranquillement à la radio
 faire la promo de son dernier livre, 
et distiller quelques révélations sur le peut-être 
éventuel hypothétique programme 
du peut-être candidat Sarkozy. S'il faut, en plus, 
répondre à des questions sur les dossiers 
dont on a la charge, où va-t-on ?
 Et non seulement Cohen avait des frelons dans sa besace, 
mais il avait aussi des questions sur l'impact 
du pesticide Cruiser sur la mortalité des abeilles. 
"Vous avez été condamné par le Conseil d'Etat" 
lançait-il au ministre,éberlué. 
Très affûté, Cohen (en confidence, il a un truc d'intervieweur, 
qu'il révélait l'autre semaine à Maja, 
c'est ici,mais surtout ne le répétez pas).

Dans l'adversité, une seule parade: la langue de bois. 
Sur le frelon, comme sur le pesticide, 
qu'on se le dise donc: Monsieur le ministre est vigilant. 
Tous ses services sont en alerte. 
Il est prêt à tout, et même éventuellement, pourquoi pas
, à déclarer "espèce nuisible"
 le frelon en question (ce qui, donc, apprend-on en creux, 
n'a pas encore été fait). 
Il a commandé des études. Il attend des preuves 
scientifiques directes, irréfutables.
 A la seconde même où elles lui arriveront, il agira, 
prendra les mesures exigées par la situation,
 et viendra très certainement à la radio pour en parler.

http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=12473

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