lundi 2 avril 2012

Etude pour interdire le CRUISER

ABEILLES EN DANGER
Une étude pourrait
faire interdire le CRUISER

Le Cruiser, un puissant pesticide, 
menace la survie des abeilles SIPA/Mark Baker/AP

Les abeilles sont peut-être sauvées. 
Alors que les apiculteurs constatent
depuis les années 1990, une étude vient de démontrer 
Ce pesticide utilisé pour traiter les grandes cultures, 
perturbe leur capacité à retrouver leur ruche 
et multiplie par 2 ou 3 leur risque de mourir. 
Dès la publication de l'étude jeudi dans la revue américaine Science,
le ministère de l'Agriculture a indiqué envisager d'interdire le Cruiser.
Il a saisi l'Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation,
de l'environnement et du travail (Anses), pour qu'elle confirme,
ou non, avant le 31 mai les conclusions de l'étude.
 « Si ces nouvelles données étaient confirmées,
l'autorisation de mise sur le marché 
» du Cruiser OSR,
qui protège les semis de colza, « serait retirée »,
a indiqué le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire. 

L'Unaf veut une interdiction immédiate du Cruiser

Les écologistes et apiculteurs,
qui se battent depuis des années contre ce pesticide,
ont applaudi ce vendredi la publication de cette étude
et ses possibles conséquences politiques.
Ils ont réitéré leurs appels à interdire ce produit.
L'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) s'est réjouie
du « nouvel éclairage apporté par l'étude ».
Craignant toutefois que les déclarations du ministre
soient réservées à « la période électorale »,
elle a demandé une interdiction immédiate du Cruiser.
D'autant qu'un avis au 31 mai serait trop tardif
par rapport au calendrier de commande des graines de colza.
« Le temps n'est plus aux études mais à l'action politique courageuse », estime l'Unaf. 
Le réseau France Nature Environnement (FNE) considère
pour sa part que la réaction du ministère donne « un message extrêmement positif ». 
Europe Ecologie Les Verts s'est également félicité de l'annonce du ministère.
Michèle Rivasi, la députée européenne EELV et porte-parole d'Eva Joly,
en a profité pour rappeler que
« les abeilles ne sont pas les seules victimes des phytosanitaires »,
« de plus en plus d'agriculteurs » étant affectés par ces produits.

Le fabricant du Cruiser conteste l'étude

Pour réaliser leur étude, les chercheurs Mickaël Henry
(Institut national de la recherche scientifique)
et Axel Decourtye (réseau des instituts techniques agricoles)
ont suivi les déplacements de 653 abeilles en collant sur leur thorax
une puce à radio-identification. Ils ont donné à certaines
une dose de thiaméthoxam et constaté qu'elles peinaient
à retrouver leur ruche, réduisant d'autant leurs chances de vivre.
Un modèle mathématique établit en outre que les populations
d'abeilles exposées au pesticide chutent.
Le fabricant du pesticide, Syngenta, numéro un mondial de l'agrochimie,
a contesté l'étude « fortement éloignée de la réalité ».
Selon le groupe, la dose d'insecticide administrée est
« au moins trente fois plus élevée que celle du nectar de colza protégé avec du Cruiser ».
Pour atteindre la quantité de thiaméthoxam retenue dans l'étude,
l'abeille devrait consommer chaque jour jusqu'à sept fois son propre poids en nectar.

Les chercheurs confirment le sérieux de leur travaux

Axel Decourtye, un des co-auteurs, a contesté ce point.
 Il assure que l'étude a été conduite avec une dose
qui peut être rencontrée en conditions réelles.
Il a en outre fait valoir que les travaux consistaient à
 « regarder le danger de ce pesticide sur l'abeille,
pas l'exposition des abeilles en condition réelle
 ».
Les instances officielles ont jusqu'au 31 mai pour trancher. 
Par L.V.

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